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Quels sont les meilleurs biopics de gangsters ?

Quels sont les meilleurs biopics de gangsters ?

Sans surprise, on va beaucoup vous parler de Scorsese et De Niro…

Que serait Hollywood sans les gangsters ? Impliqués dès le départ dans les coulisses d’une industrie dont ils pillent allègrement les caisses (prêts usuriers, noyautages des syndicats…), ils inspirent également très vite de nombreux scénarios basés sur leurs « exploits » (L’Ennemi public, Le Petit Caesar, Scarface…).

La chose est somme toute assez logique puisqu’une fois les aspects les moins reluisants de leurs existences complaisamment laissés de côté, ils constituent de formidables personnages de cinéma (parce que romantiques, parce qu’épris de liberté, parce que confrontés au poids du destin, etc.).

Certains cinéastes n’ont d’ailleurs pas hésité à adapter au pied de la lettre leurs vies sur grand écran.

Petit best-of.

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9. Casino

Réalisé par Martin Scorsese (1995)

Hein ? Le chef d’œuvre absolu du grand Marty écope de la dernière place ?!

En vrai, il aurait très bien pu se classer premier, à ceci près qu’il n’est pas vraiment un biopic, mais une adaptation d’un roman inspiré de faits réels (Casino: Love and Honor in Las Vegas de Nicholas Pileggi qui pour l’occasion a été recruté comme coscénariste).

Sinon à part ça, que vous soyez spectateur lambda ou cinéphile averti, difficile de rester de marbre devant un tel monument qui dépeint trois heures durant toute tout le tragique et toute la splendeur d’un « paradis » où il est si facile de se brûler les ailes.

Le gérant de casino Sam ‘Ace’ Rothstein (Frank ‘Lefty’ Rosenthal IRL, Robert De Niro à l’écran), sa femme Ginger (Sharon Stone) et son ami d’enfance Nicky Santoro (Anthony ‘The Ant’ Spilotro/Joe Pesci) vont amèrement en faire les frais, eux qui tant par cupidité que par orgueil se foutent tous en l’air.

Caméra de Scorsese oblige, la grandiloquence est de mise, de cette première heure aux faux-airs de documentaire à cette fin survoltée digne d’un opéra, le tout rythmé par une bande originale magistrale (La Passion selon Saint Matthieu de Bach qui s’élève durant le générique, Mickey & Sylvia qui entonnent Love Is Strange lorsque Sam tombe amoureux de Ginger, The House of the Rising Sun des Animals qui conclut les débats…).

Bref, un film à voir si vous ne voulez pas rater votre vie.

8. The Iceman

Réalisé par Ariel Vromen (2013)

Le portrait de Ricard Kuklinski, un tueur à gage complétement psychopathe qui a exécuté selon les estimations entre 100 et 250 personnes lors de ses 30 années de service au sein de la mafia, quand bien même il est fort à parier que sans être payé il en aurait fait de même.

Sorte de Zodiac chez Les Soprano, il met un point d’honneur à tenir sa femme et ses filles à l’écart de cette vie-là, si bien que ces dernières n’apprendront qui il était vraiment que lors de son procès.

Porté par un Michael Shannon tout en rouflaquettes qui n’a jamais été aussi inquiétant, bien que plaisant le film peine malheureusement à trouver un ton qui lui est propre.

À trop privilégier la linéarité de l’action (un meurtre, et puis un meurtre, et puis un autre meurtre, la fin), il pêche en effet par manque de souffle là où pourtant certaines pistes méritaient le détour, à commencer par celle du rapport à la vérité des personnages (Kuklinski qui à force de dissimulations vit en permanence sur un fil, sa famille qui se voile la face…).

Autre regret : l’utilisation pour le moins caricaturale du casting avec un Ray Liotta en sempiternel caïd, Winona Ryder qui joue la petite chose fragile, Ross/ David Schwimmer en fébrile de service…

Qui a dit que le diptyque HBO The Iceman: Confessions of a Mafia Hitman (deux interviews long format données par Kuklinski en prison) vous glacera bien plus le sang ?

7. Blow

Réalisé par Ted Demme (2001)

Les aventures de George Jung (Johnny Depp), un type qui n’aime pas trop se prendre la tête et qui plutôt que de se crever la paillasse à bosser pour un patron préfère dealer de la marijuana. Et quitte à faire, plutôt que de gagner quelques dollars en loucedé, il organise avec ses potes un trafic extrêmement juteux.

Un passage par la case prison plus tard l’amène toutefois à reconsidérer son choix de carrière : dans la Californie des années 70 le futur est à la cocaïne.

Connecté à Pablo Escobar, il devient ainsi le principal importateur de colombienne aux États-Unis – Jung déclarera d’ailleurs des années après : « Si vous en avez sniffé à l’époque, il y a 85% de chance que s’était la nôtre. »

Ça c’est pour la première partie du film, fun et divertissante à souhait. La seconde donne elle malheureusement dans la trop prévisible morale à gros sabots anti-drogue.

Bien évidemment « la drogue-c’est-mal-m’voyez », par contre tout ceci est un peu trop stéréotypé pour permettre au film de se démarquer de ce qui a été vu et revu cent fois auparavant. Dommage, on aurait bien aimé voir tout ceci sombrer dans une vibe façon Las Vegas Parano.

Sinon, et ça n’a rien à voir, mais même en survêt’ fluo Penélope Cruz est sublime.

6. Les Incorruptibles

Réalisé par Brian De Palma (1987)

Adoption libre de la série télé du même nom qui elle-même adaptait librement les mémoires d’Elliot Ness, ce film de commande du réalisateur de Scarface et de L’Impasse retrace les efforts déployés par une team de chevaliers blancs de policiers au-dessus de tout soupçon pour faire tomber le grand Al Capone dans un Chicago corrompu jusqu’à l’os par l’argent de la prohibition.

Sorte de western urbain où s’affrontent le bien et le mal, Les Incorruptibles ne brille donc pas par son sens de la nuance… ce qui n’a aucune importance : on est ici dans la démonstration de style pure et dure.

C’est là son principal atout (travellings, contre plongées, double profondeur de champs, hommage… tout y passe), mais aussi son principal défaut.

Certes chaque plan, chaque scène est ultra léchée, sauf qu’à trop se regarder le film pêche par manque d’aspérité à l’image de ce héros boy scout qui flirte avec la parodie – Tintin en Amérique c’est toi ?

Bon attention, le spectacle proposé est extrêmement agréable, et ce d’autant plus que le casting vaut le détour, entre un Robert De Niro qui déroule dans le rôle du grand méchant loup, un Sean Connery aussi charismatique que roublard ou encore le regretté Billy Drago qui n’a jamais été aussi patibulaire.

5. American Gangster

Réalisé par Ridley Scott (2007)

Typiquement le cas du film vendu comme un biopic alors qui n’en a que le nom.

Basé sur The Return of Superfly, un article de presse publié en 2000 par le New York Magazine, le scénario adapte à la lettre la légende urbaine voulant que Frank Lucas ait dans les années 60/70 importé quantité d’héroïne directement du Vietnam en la planquant dans les cercueils des soldats rapatriés au pays.

En réalité, ce dernier qui est présenté à l’écran comme un personnage froid et calculateur (soit l’exact contraire de son tempérament, lui qui était tout ce qu’il y a de plus violent, grossier et inculte) a reconnu hors circuit promo n’avoir usé de ce stratagème en tout et pour tout qu’une seule fois, et qui plus est sans que le coup des cercueils soit accrédité.

Autre arrangement avec les faits, American Gangster se conclut en faisant de lui l’une des pièces maîtresses de la lutte anti-corruption au sein de la police new-yorkaise, ce qui est on ne peut plus erroné : il n’a snicthé que des dealers et des grossistes.

Bref ça n’arrête pas, mais à la limite peu importe, cette épopée criminelle portée par un Denzel Washington plus-Denzel-Washington-tu-meurs tient son spectateur en haleine 157 minutes durant.

Reconstitution haut de gamme, mise en scène soignée, rebondissements bien amenés… tout roule comme sur des roulettes.

Peut-être même un peu trop pour véritablement surprendre ou déranger : douze ans après sa sortie, la question de savoir si American Gangster est un classique ou juste un bon film se pose toujours.

4. Donnie Brasco

Réalisé par Mike Newell (1997)

Si comme Oxmo Puccino vous savez qui est Joey Pistone, vous savez aussi que le film préfère jouer la carte de la mafia de proximité plutôt que celle de la grandiloquence.

Très ironiquement, c’est ici Al Pacino qui à rebours de tous les Parrains de la terre initie le spectateur aux rites et codes d’une organisation qui connaît toutes les peines à se montrer à la hauteur de sa réputation.

Ainsi entre diverses combines minables, sont décortiquées les différentes manières de rouler ses billets, comment choisir ses fringues et bien entendu la différence capitale entre « un ami à moi » et « un ami à nous ».

Adaptation du livre Donnie Brasco: My Undercover Life in the Mafia publié en 1988 qui revient sur l’opération d’infiltration Donnie Brasco lancé par le FBI en 1976 au sein de la famille Bonanno, le métrage vaut également pour la qualité de son jeu d’acteur.

Pacino donc qui comme à son habitude est impérial (son regard fatigué en quête de validation, ses légers sursauts à chaque coup de feu, sa maladresse lorsqu’il joue au mentor…), Johnny Depp qui dans le rôle-titre excelle sans trop en faire, Michael Madsen qui pour en fois à lu un scénario à jeun… tout ce petit monde s’en donne à cœur joie sur des dialogues aux petits oignons (la version originale n’est pas une option).

Seul bémol, cette fin à la dramaturgie un peu vaine qui gâche quelque peu la copie.

3. Bugsy

Réalisé par Barry Levinson (1991)

Benjamin ‘Bugsy’ Siegel ou l’homme qui d’après la légende a créé Las Vegas.

Exilé sur la côte ouest dans les années 30 par les pontes du crime organisé Meyer Lansky et Lucky Luciano afin d’y faire tourner leurs affaires, ce gangster qui se rêvait acteur tombe alors de fascination pour un monde qui n’est pas le sien et qui pourtant lui va comme un gant.

Épris de mondanités, il finit par complètement perdre le sens des priorités le jour où il rencontre la starlette Virginia Hill (Annette Bening) avec qui il entretient une relation adultérine des plus passionnées.

Interprété par un Warren ‘Hollywood’ Beatty qui trouve là son rôle ultime, Siegel-le-magnifique décide d’investir toute sa fougue dans un projet à la hauteur de sa démesure : ériger le Flamingo, un hôtel de luxe au beau milieu du désert du Nevada.

Et tant pis si en chemin, il dépense sans compter l’argent des autres, rien n’entame sa vision créatrice.

Évidemment, tout cela se termine très mal, mais qu’importe pour celui qui rétorqua à son ami comédien George Raft lui faisant remarquer qu’aucune femme ne vaut de se prendre une balle entre les deux yeux : « Tout dépend des yeux, tout dépend de la femme ».

2. The Irishman

Réalisé par Martin Scorsese (2019)

Alors oui il faut trouver le temps (209 minutes), oui la technique de rajeunissement numérique donne à certains passages des airs de cinématique de jeu vidéo, et oui le livre sur lequel le scénario se base (I Heard You Paint Houses sorti en 2004) n’a que peu à voir avec la vérité historique, mais il n’empêche que The Irishman est bel bien le grand film qui a été promis.

Au départ biopic de l’homme de main Frank Sheeran (Robert De Niro) qui un jour reçoit un coup de fil du syndicaliste roi Jimmy Hoffa (Al Pacino) lui demandant s’il veut « faire partie de l’histoire », au bout d’une heure ce vingt cinquième long-métrage de Scorsese révèle avec force ce qu’il est : un requiem sur les affres du temps.

Dans un ancien monde sur le point de laisser sa place au nouveau, les protagonistes ont beau s’exempter des lois humaines les plus élémentaires, ils n’en échappent pas pour autant à la fatalité du destin.

Disparitions des plus proches, choix de vie imprescriptibles, lamentations… le ton gentiment nostalgique vire ainsi peu à peu au crépusculaire, avant de sombrer dans le tragique pur et dur dans les derniers mètres.

Clairement pas le film qu’il vous faut si la question de la mort vous angoisse, mais encore une fois quel film.

1. Les Affranchis

Réalisé par Martin Scorsese (1990), adapté du livre Wiseguy de Nicholas Pileggi (1986)

Enfant, Henry Hill rêvait d’être un gangster. Adulte, il deviendra la balance la plus tristement célèbre de l’histoire la mafia.

Tant pis pour ses anciens potos, tant mieux pour le septième art.

Plutôt du genre bavard, il s’intronise ici narrateur d’un récit semi documentaire sur les us et coutumes d’un milieu régi par la loi du plus fort et celle du profit. Amenée l’air de rien, la voix off permet au spectateur de s’immerger un pied dedans un pied dehors dans ses péripéties et de ressentir tout le côté grisant d’un tel style de vie.

C’est souvent sinistre, parfois drôle, jamais ennuyant, et c’est surtout maîtrisé de A à Z.

Au sommet de son art que ce soit dans la direction d’acteurs (Ray Liotta dans le rôle de sa vie, l’oscarisé Joe Pesci, Liz Taylor/Lorraine Bracco…) ou le maniement de la caméra (jump cuts, arrêts sur image, apartés, plans séquences…), Scorsese imprime une énergie aussi contagieuse qu’équilibrée, à tel point que le film pourrait sans problème durer soixante minutes de plus.

Ou pour le dire autrement : Les Affranchis c’est l’un des meilleurs au meilleur de sa forme qui fait ce qu’il sait faire de mieux.

Pas besoin d’en écrire plus.

[Bonus] Boardwalk Empire

Diffusé sur HBO de 2010 à 2014 (5 saisons)

Trop souvent oublié dans les tops des séries télé, Boardwalk Empire ne mérite en rien un tel sort.

Prenant pour prétexte la biographie d’un certain Enoch ‘Nucky’ Johnson, un homme politique aussi véreux qu’habile, l’intrigue plonge dans les méandres de l’Atlantic City des années 20, lieu de transit des plus grandes figures du gangstérisme de l’époque (Al Capone, Lucky Luciano, Meyer Lansky, Arnold Rosthtein…).

Tandis que la petite histoire et la grande se renvoient en permanence la balle (Première Guerre mondiale, élections présidentielles, krach boursier de 1929…), ce Mad Men sous la prohibition soigne l’esthétisme jusque dans les moindres recoins – à commencer par les garde-robes des personnages qui aujourd’hui encore mettent les sartorialistes en sueur

Le fond n’est également pas négligé, avec toute une réflexion sur le rapport au pouvoir, et plus particulièrement cette frontière pour le moins floue qui délimite compromis et compromission.

Presque chef d’œuvre, Boardwalk Empire ne se hisse pourtant pas au niveau des boss de fin de niveau à la Soprano, The Wire et Breaking Bad.

Le 10/10 lui échappe en grande partie à cause de la chute de rythme qui intervient après le climax de la saison 3, mais aussi, osons le dire, à un Steve Buscemi qui bien qu’excellent ne parvient pas à être aussi bigger than life qu’un Tony Soprano/James Gandolfini ou qu’un Walter White/Bryan Cranston.

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