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Tous les albums de rap US qui se sont classés n°1 en 2019 !

le 9 janvier 2020

Tous les albums de rap US qui se sont classés n°1 en 2019 !

Quelle fin de décennie pour le rap…

Non les chiffres de vente ne sont pas synonymes de qualité. Oui médias et grand public tendent à leur accorder trop d’importance au détriment de l’écoute proprement dite. Oui la course à la première semaine réduit considérablement la durée de vie des projets.

Toujours est-il que lorsque le rap s’arroge 24 numéros n°1 des charts sur 52 possibles dans le premier pays consommateur de musique au monde, cela veut très clairement dire quelque chose.

Cela veut dire que le rap ne s’est jamais aussi bien porté, et que le phénomène n’est pas prêt de s’arrêter.

Après un peu comme sur le modèle de son ancêtre rock dont les différentes chapelles ne partageant désormais plus grand-chose en commun (la pop, le hard, la folk, le grunge…), le mouvement est-il en train de se diversifier au point de perdre ce qui faisait jusque-là son unité ?

À lire les 16 chroniques ci-dessous, on serait assez tenté de répondre par l’affirmative.

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Les albums rap US les plus vendus en 2018

I Am > I Was de 21 Savage

N°1 des ventes les semaines du 5 janvier et 12 janvier.

Tout est dans le titre.

Unanimement salué pour ses progrès, avec ce second essai Shéyaa Bin Abraham-Joseph a clairement réussi à franchir un palier artistique et commercial.

Plus varié dans ces thèmes (cela va de l’hymne pour strip club A&T, au conscient A Lot, en passant par le touchant Letter 2 My Momma), I am greater than I was pâtit toutefois du flow un peu trop monolithique de son auteur pour vraiment tenir sur la durée, quand bien même des kilomètres de featurings ont été ajoutés un peu artificiellement (J. Cole, Childish Gambino, Schoolboy Q, Post Malone, Offset, Lil Baby, Gunna, Young Nudy, Travis Scott…).

Pas l’album de l’année donc, mais un disque solide qui ravira tous les fans de rap britannique.

Hoodie SZN de A Boogie wit da Hoodie

N°1 des ventes les semaines du 19 janvier, 26 janvier et 16 février.

Rappeur ? Chanteur ? Rappeur qui chante ? Si Boogie se plaît à brouiller les lignes, sa base fan n’en a cure.

Certes, HSZN s’étend sur 20 titres dont nombreux se ressemblent à force d’appliquer la même formule, mais absolument tous ont franchi la barre des dix millions d’écoutes sur Spotify.

Alors oui, cela ne vaut peut-être pas de quoi se comparer à Malcolm X et à Michael Jackson comme il le fait dans l’intro Voices in My Head, mais cela lui assure une place de choix dans le train de la nouvelle vague.

A Boogie wit da Hoodie serait-il à un gros hit de mettre tout le monde d’accord ?

Future Hndrxx Presents: The WIZRD de Future

N°1 des ventes la semaine du 2 février.

Pas assez cité parmi les prétendants au titre de roi des années 10, pour son septième album en sept ans l’ATL Monster propose une sorte de pot-pourri de tout ce qui a bâti sa réputation.

Le bon côté de la chose, c’est que si vous n’avez jamais écouté le moindre de ses sons ce projet est fait pour vous. Le moins bon côté de la chose, c’est que pour qui est un minimum familier avec les grandes heures de sa carrière, il sonne quand même un ton en dessous.

Dernier album en major, The Wizard marque-t-il pour Future le début de la fin… ou la fin du début ?

Death Race for Love de Juice Wrld

N°1 des ventes les semaines du 23 mars et 30 mars.

L’emo rap à son meilleur.

Croisement entre Lil Uzi Vert et Post Malone, l’auteur de Lucid Dreams incarne parfaitement ce type de rap (et ses limites), non sans y ajouter ce chouïa de versatilité qui le différencie de ses pairs.

S’appuyant sur une équipe de producteur vétérans (No I.D., Hit-Boy, Boi-1da, Cardo…) et samplant à tous les râteliers (Sting donc, mais aussi Travis Scott ou les Pharcyde), il évite ainsi de trop tourner en rond quand bien même il ressasse en boucle les deux, trois même thèmes – ses échecs amoureux, la prise de drogues et les conséquences de la prise de drogues.

Parti trop tôt, Juice Wrld reste comme le plus grand « et si ? » de 2019.

Bad Habits de Nav

N°1 des ventes la semaine du 6 avril.

Pas des plus médiatisés dans nos contrées, le Canadien Nav est le genre d’artiste qui doit principalement son succès au sens du vent, lui qui pour la faire courte reprend sans grande originalité les recettes déjà pas très originales des aspirateurs de tendances Drake et Travis Scott.

Dit comme ça ce n’est pas fou, sur disque ça l’est encore moins, Bad Habits se rangeant dans la catégorie des albums sitôt écoutés, sitôt oubliés.

Après commercialement ça marche, tant mieux pour lui, même si tout indique que son run ne durera pas longtemps.

Confessions of a Dangerous Mind de Logic

N°1 des ventes la semaine du 25 mai.

Que Logic ait du flow, ça tout le monde est d’accord. Le problème c’est que malgré tout son talent pour rapper au kilomètre, il lui manque toujours ce petit supplément d’âme pour passer un cap.

Son cinquième album illustre d’ailleurs parfaitement la situation. Agréable à l’écoute, bien amené, bien produit, Confessions of a Dangerous Mind échoue cependant à transmettre une réelle émotion, à établir une véritable connexion avec l’auditeur.

L’impair est ici d’autant moins pardonnable que le titre s’annonçait prometteur sur ce point-là tandis que la liste des invités (Gucci Mane, Eminem, Will Smith…) laissait espérer plus de spontanéité dans la direction artistique.

Bon après Logic a du flow (bis), une base fan dévouée, et vend ses albums comme des petits pains. Pourquoi changerait-il ?

Igor de Tyler, the Creator

N°1 des ventes la semaine du 1er juin.

Après Goblin qui en 2011 s’est classé cinquième en première semaine, Cherry Bomb qui s’est classé quatrième en 2015, Wolf qui s’est classé troisième en 2013, Flower Boy qui s’est classé deuxième en 2017, le chef de file du crew Odd Future est enfin grimpé sur la plus haute marche du podium.

Mieux, alors que beaucoup voyaient dans son très bon Flower Boy son arrivée à maturation artistique, « Eeee-gore » hisse encore le niveau.

N’en déplaise à DJ Khaled dont le Father of Asahd a dû se contenter de la médaille d’argent dans les charts et qui pour le coup avait dénoncé « ces trucs mystérieux dont personne n’a jamais entendu parler », Tyler a le temps d’un instant réconcilié qualité et quantité.

Revenge of the Dreamers III de Dreamville & J. Cole

N°1 des ventes la semaine du 20 juillet.

D’ordinaire guère avide de partager le micro sur ses albums solos, J.Cole invite pour cette troisième compilation de son label Dreamville près de 60 artistes à venir poser à ses côtés, qu’il s’agisse de ses poulains (Bas, Cozz, Omen, Lute, Ari Lennox, EarthGang et J.I.D) ou de noms plus établis (Smokepurpp, Ski Mask the Slump God, DaBaby, T.I, Vince Staples, Ty Dolla Sign…).

Loin de sombrer dans le grand n’importe quoi, le projet se tient étonnamment de bout en bout, à tel point qu’après 18 titres on en serait presque à en demander encore un peu plus.

Bonus : plutôt que de faire son Drake et de se mettre dans la roue d’artistes moins connus que lui, Cole préfère offrir à ces derniers l’opportunité de briller par eux-mêmes.

Care Package de Drake

N°1 des ventes la semaine du 17 août.

Un attrape cash aussi subtil qu’il en l’air où sont compilés 17 morceaux sortis entre 2010 et 2016 qui jusqu’à présent n’étaient disponibles ni à la vente, ni en streaming.

Artistiquement l’exercice n’est pourtant pas dénué d’intérêt puisque non seulement sont regroupés parmi ses meilleures compositions de l’époque comme Club Paradise, Dreams Money Can Buy ou Trust Issues, mais aussi parce qu’il rappelle le « old Drake », alias le Drake vulnérable et très premier degré capable de magnifier des lyrics dignes d’un post Instagram ou d’une bio Tinder.

Avis aux nostalgiques et à tous ceux qui n’ont pas fait le deuil de leur ex.

So Much Fun de Young Thug

N°1 des ventes la semaine du 31 août.

Après quelques 20 mixtapes assorties de 11 singles certifiés platine, le Dennis Rodman/David Bowie du rap, 28 ans, s’est enfin attelé à l’exercice de l’album studio.

Le concept ? Pas de concept.

Ou comme il l’a confié en interview : « Les chansons n’ont pas spécialement de sens, je ne raconte aucune histoire. Ce sont des turn ups pour les clubs, pour les radios, pour les parades… L’idée c’est de s’éclater. »

En plein dans sa zone de confort, entouré de feats avec qui sa complicité n’est plus à prouver (Quavo, Lil Uzi Vert, Lil Duke…), misogyne comme jamais, c’est peu dire que Thugger tient allègrement sa promesse avec ces 62 minutes de musique feel good aussi divertissante que loufoque« totally dude » ad-lib de l’année sur Surf ?

Hollywood’s Bleeding de Post Malone

N°1 des ventes les semaines du 21 septembre, 28 septembre, 5 octobre, 2 novembre et 16 novembre !

Second album le plus vendu de l’année derrière le Lover de Taylor Swift, avec Hollywod’s Bleeding Posty cimente encore un peu plus son statut de superstar… au grand dam de celles et ceux qui lui reprochent de n’être qu’une photocopie de photocopie.

À leur décharge, le White Iverson fait tout ici pour leur donner raison. Plus curateur que créateur, il se casse en effet de moins en moins la tête pour s’approprier les musiques qui lui plaisent.

Franchement si vous aimez Tame Impala, Lenny Kravitz, Lana Del Rey ou Ozzy Osbourne, allez écouter leurs disques, vos oreilles vous en remercieront.

KIRK de DaBaby

N°1 des ventes la semaine du 12 octobre.

Auteur d’un remarqué Baby On Baby au mois de mars qui lui a valu de figurer en bonne place dans la course au titre de rookie de l’année (son hit Suge n’y étant pas pour rien), Jonathan Lyndale Kirk s’est ensuite empressé de remettre le couvert avec un second album qui lui a cette fois permis de décrocher son ticket d’entrée dans la catégorie poids lourds de la scène US.

Si sans grande surprise la recette n’a pas changé, elle aurait cependant bénéficié d’être un peu plus peaufinée – à en croire BOP, son label lui aurait un peu forcé la main question deadline alors qu’il était occupé à « comparer les prix des bateaux ».

Tout ça reste quand même très fun, tant DaBaby, sans être le emcee le plus technique qui soit, éprouve un plaisir communicatif à rapper.

AI YoungBoy 2 de NBA YoungBoy

N°1 des ventes la semaine du 26 octobre.

D’un strict point de vue artistique, YoungBoy a tout sur le papier pour être un grand du game. Sa musique est facile d’accès, ses mélodies sont entêtantes, et avec Slime Mentality il a prouvé au monde qu’il sait écrire un tube.

Le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé puisque pas moins de 110 000 exemplaires de AI YoungBoy 2 (sa quatorzième mixtape en quatre ans !) ont trouvé preneurs en première semaine.

Le problème dans son cas se situé plutôt en dehors des studios. Tentative de meurtre, fusillade, violence conjugale… son casier judiciaire est quasiment aussi chargé que sa discographie.

Saura-t-il garder la tête hors de l’eau à l’avenir ou connaîtra-t-il un destin à la 6ix9ine ou Bobby Shmurda ? La décision lui appartient.

Jesus Is King de Kanye West

N°1 des ventes la semaine du 9 novembre.

Annoncé/espéré comme l’album de la rédemption, ce neuvième effort solo du Yeezus a déçu.

Empêtre dans son égotisme et ses problèmes qui ne regarde que lui (genre ses démêlés de millionnaire avec le fisc), il a beau clamé que dieu guide désormais chacun de ses pas, il n’a jamais semblé aussi peu inspiré.

Morceaux aux faux airs de sketch (seuls trois d’entre eux durent plus de 3 minutes), aboiements en guise de flow, direction artistique schizophrène (non JIK n’est pas un album gospel)… on est loin des envolées à la Jesus Walks ou Never Let Me Down période College Dropout.

Plus fade que réellement mauvais au final.

A Love Letter to You 4 de Trippie Redd

N°1 des ventes la semaine du 7 décembre.

Écrit de but en blanc cela semble surréaliste, mais Trippie Redd est avec Lil Pump le seul rescapé de la cuvée SoundCloud 2016/2017 – 6ix9ine est en taule, Lil Xan en rehab, XXXTentacion et Lil Peep nous ont quittés.

Pas forcément le plus talentueux la bande, il a tout de même placé depuis quatre projets dans le top 10, dont son tout premier numéro 1, la mixtape ALLTY4.

En phase avec son époque, il propose 20 titres tous plus emo les uns que les autres, nappés de guitare acoustique et d’une touche de r&b nineties qui étonnamment se marie plutôt bien avec sa voix de méchant de jeux vidéo.

Oh, et sinon notre Youv Dee national s’en tire plus qu’avec les honneurs sur Bust Down Deux.

Please Excuse Me for Being Antisocial de Roddy Ricch

N°1 des ventes la semaine du 28 décembre.

Roddy qui ? Featuring remarqué chez Nipsey Hussle (Rack In The Middle), Meek Mill (Splash Warning) et Mustard (Ballin), le crooner de Compton peut se targuer d’avoir signé un premier disque qui a séduit et le public et la critique.

Sans être un chef d’œuvre, ce dernier réussit à développer une couleur musicale qui lui est propre, à mi-chemin entre la trap et la drill, le tout accompagné de refrains on ne peut plus efficaces.

Parfaitement à l’aise à l’écriture et au chant, Roddy Ricch s’assure là un départ de carrière en boulet de canon.

Vivement la suite !

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