Dossiers

Ces rappeurs qui ont écrit un livre qui ne parle pas de rap

le 2 décembre 2019

Ces rappeurs qui ont écrit un livre qui ne parle pas de rap

Parce que même pour les rappeurs il n’y a pas que le rap dans la vie…

Les rappeurs sont-ils les artistes les plus intéressants du monde de la musique ? S’il se peut que leurs textes ou leurs discours tournent parfois un peu en rond, leurs biographies constituent elles une source inépuisable d’anecdotes en tout genre.

Qu’il s’agisse de leurs vécus dans les rues, leurs pérégrinations dans le monde de la mode ou leurs plans business, il y a toujours un truc à raconter.

Et la littérature ne fait pas exception, bien au contraire. Certes les emcees n’ont pas la réputation d’être des grands lecteurs, mais lorsqu’ils prennent la plume cela vaut très souvent la peine de s’y attarder.

Pas convaincus ? Lisez la suite.

À LIRE AUSSI 
Quel est le livre préféré de ton rappeur préféré ? [DOSSIER]

Les lois du succès de 50 Cent

La 50ème loi : la peur est votre pire ennemie, coécrit avec Robert Greene en 2009

Livre de chevet de tous les « entweupweuneurs » du game depuis sa sortie en 1998, Les 48 lois du pouvoir de Robert Greene décrypte les rapports que cultivent les individus dans cette course folle qu’est la quête de grandeur.

Un peu plus de dix ans après les faits, Fiddy s’en est allé de sa petite mise à jour de l’ouvrage en s’inspirant de son passé de dealer dans les rues de Jamaica Queens et de sa réussite sans précédent dans l’industrie du disque.

En collaboration directe avec Greene qui voit en lui une sorte d’héritier de Léonard de Vinci et des pionniers qui ont fait l’Amérique (et non pas quelqu’un qui a stéréotypé dans ce qu’il y a de moins valorisant sa communauté dans le but de se faire de l’oseille…), sont ainsi dispensés dix chapitres durant moult conseils pour devenir riche quitte à en mourir, le tout étayé par des exemples tirés des biographies de Malcolm X, Miles Davis, Sun Tzu, François de La Rochefoucauld, Thucydide, Charlie Parker, etc.

Parmi les plus pertinents on retiendra notamment la nécessité de voir les choses du point de vue de son ennemi, s’efforcer à juger son prochain à l’aune non pas de ce qu’il dit mais de ce qu’il fait, ou encore que seuls ceux qui ont une haute opinion d’eux-mêmes sont en mesure de sortir de l’ordinaire.

Pas besoin donc d’être un fanatique du G-Unit pour trouver la lecture utile.

PS : la réédition de La 50ème loi en 2014 sous forme de BD est elle beaucoup plus dispensable

Les recettes de cuisine de Snoop

From Crook to Cook: Snoop Dogg Cookbook, coécrit avec Ryan Ford en 2018

Existe-t-il un seul produit au monde auquel le roi de la levrette n’a pas associé son nom au cours de sa chienne de vie ? Musique, bougies, chaussettes, peinture, films porno, feuilles à rouler… impossible de dresser toute la liste.

Dix ans après s’être acoquiné avec Martha Stewart (alias « Madame Propre ») avec qui il présente désormais une émission de télé commune sur VH1, Snoopy Snoop a ajouté une nouvelle corde à son arc en publiant un livre culinaire qui à quelques « -izzle » près se veut tout ce qu’il y a de plus formel.

Au menu : cinquante recettes aux noms des plus évocateurs qui ne nécessitent aucun talent particulier derrière les fourneaux pour été réalisées (le gâteau Go Shorty It’s Your Birthday, les brownies Bow Wow, le sandwich OG à la bolognaise, la salade Chop It Up! « pour la jouer gansgta entre boss »…).

Seul bémol pour les petits malins qui espéraient quelques tuyaux pour cuisiner plus vert : absolument aucune référence n’est faite de près ou de loin à la marijuana.

Les manuels de philosophie de RZA

The Wu-Tang Manual (2004) et The Tao of Wu en 2009

Tête pensante du Clan tant au niveau business qu’artistique, le RZArector/Prince Rakeem/Bobby Digital puise son inspiration dans un cocktail d’influences aussi diverses que variées mais qui toutes finissent par s’entremêler (les rues de Staten Island, la secte des 5%, les comic books, les arts martiaux…).

Histoire de rendre ces dernières accessibles aux oreilles les plus distraites, RZA s’est fendu d’un « manuel » qui se veut une forme d’introduction à son univers.

Entre anecdotes et aphorismes, il revient notamment sur sa fascination pour les films de kung fu de la Shaw Brothers qui l’a amenée à s’intéresser de près aux spiritualités orientales, sur sa passion pour le jeu d’échecs et les parallèles qu’il en a tiré avec le monde de la musique, sur l’importance de la weed dans le processus de création de Enter the Wu-Tang, le tout sans oublier de fournir un dictionnaire d’argot et des explications de textes des plus grands classiques du groupe (Protect Ya Neck, C.R.E.A.M., Triumph…).

Quatre ans plus tard, il remet le couvert avec La Voie du Wu où il s’attarde sur le rôle qu’ont joué les grandes religions de notre temps (bouddhisme, christianisme, judaïsme, islam…) dans son évolution personnelle.

Le recueil de maximes de Kanye West

Thank You And You’re Welcome!, coécrit avec J. Sakiya Sandifer en 2008

Entre l’album 808s & Heartbreak et sa prise de bec avec Taylor Swift lors de la cérémonie des VMA, le Kanye West d’hier qui a si peu à voir avec le Kanye West d’aujourd’hui a publié une compilation de ses meilleurs « kanye-isms ».

Recopiés en grosses lettres sur 52 pages, ces plus ou moins citations de sa petite personne à mi-chemin entre le haïku japonais et la légende Instagram visent à « célébrer la création et le moment présent ».

Dans le désordre, cela donne ainsi « La vie c’est 5% ce qui vous arrive, 95% comment vous réagissez face à ce qui vous arrive ! », « Cherchez une solution de rechange plutôt que de vous plaindre ! », « Aimez vos haterz de toutes vos forces, ce sont vos plus grand fans ! », etc.

Et si vous en deviez en retenir qu’un seul, ce serait évidemment le fameux « Méfiez-vous toujours des sac-cadeaux offerts ! » qui en 2019 comme à l’époque n’a jamais sonné aussi juste.

Merci Kanye.

Le journal intime de Lil Wayne en prison

Gone ‘Til November en 2016

Incarcéré huit mois en 2011 pour une affaire de port d’arme illégal, Weezy, 27 ans à l’époque, profite de son temps libre pour retranscrire sur papier son quotidien de taulard pas comme les autres.

Cinq ans plus tard, les meilleures feuilles sont publiées.

Pas des plus portés sur les considérations d’ordre général, Gone dépeint en revanche tout le désarroi d’une superstar qui voit ses repères voler en éclat malgré l’argent, malgré les visites (dans son cas Tyga, Diddy, Chris Paul et Kanye West), malgré les protections dont il bénéficie dues à son rang – « Je ne suis pas du genre à ne pas assumer les conséquences de mes actes, mais ‘damn’ [le livre est truffé de ‘yeah’ et de ‘damn’] je ne mérite vraiment pas ça » écrit-il ainsi dès les premières lignes.

Traumatisé par l’expérience, Lil Wayne a d’ailleurs refusé de relire l’ouvrage pour ne pas avoir à la revivre.

Plus encore que les violences (tout juste concède-t-il avoir failli se battre une fois), c’est la précarité des conditions de vie et la monotonie de son emploi du temps qui lui ont le plus pesé – « Tout est crade ici, tout a déjà servi. Pour tomber sur un truc neuf, il faut avoir autant de chances qu’au Loto ».

Bon point toutefois : son séjour à l’ombre lui a permis de ralentir sa consommation de sizzurp et de commencer à y voir plus clair en matière de droit des contrats… puis accessoirement d’aller en toucher deux mots à Birdman à sa sortie.

Le cahier de coloriage de Bun B

Rap Coloring and Activity Book, coécrit avec Shea Serrano en 2013

Moitié du duo culte UGK connu pour ses hymnes à la débauche comme Pregnant Pussy ou Big Pimpin’, la quarantaine en ligne de mire Bun B a ensuite quelque peu changé son fusil d’épaule.

Engagé au tout début de la décennie par une université de Houston pour donner un cours sur l’histoire du rap et de la religion, il lance ensuite un Tumblr (Instagram avant Instagram) destiné aux enfants.

Épaulé par le journaliste et ancien prof Shea Serrano, le compte intitulé Jumbo Coloring and Rap Activity propose à ses abonnés toute une série de portraits de rappeurs à télécharger (Drake, Kendrick Lamar, Common, Riff Raff, Bun B lui-même…).

Très certainement lassé de devoir colorier encore et toujours les animaux de la ferme, le public concerné lui fait un triomphe, ce qui amène le duo à remettre ça avec un livre en bonne et due forme – quand bien même on se demande toujours quel peut bien être ici le rôle exact de B…

Loin d’être une redite, outre le fait de proposer 42 nouveaux portraits inédits, cette version papier est agrémentée de courtes biographies, de suggestions de morceaux à écouter en coloriant et de toute une série de jeux des plus funs (trouver un code secret pour aider Tyga à retrouver le chemin de Rack City, un jeu de points à relier avec le bandana de 2Pac, une grille de mots mêlés composée des expressions les plus mémorable de E-40, un jeu des sept erreurs avec la pochette de The Chronic…).

Le recueil de poésie de 2Pac

The Rose That Grew From Concrete en 1999

Avant le gangsta rap et les bitches, Tupac Amaru Shaker était ce jeune homme timide et réservé de la Baltimore School of Arts qui étudiait l’histoire de l’art et la comédie.

C’est à cette même période, entre 1989 et 1991, qu’il écrit à ses heures perdues des poèmes. Solitude, chagrin, amitié, envie de révolution… il se met à nu comme peut-être il ne s’est jamais mis à nu.

Trois ans après sa mort tragique, ces derniers sont recoupés dans un livre préfacé par sa mère Afeni et introduit par l’écrivaine Nikki Giovanni.

En 2000, The Rose That Grew From Concrete est retranscrit sous la forme d’un album de spoken word où sont conviés au micro divers emcees pour interpréter ses textes (Dead Prez, Rev Run, Mos Def, Tre’ des Pharcyde…).

Le guide fitness de LL Cool J

Platinum Workout: Sculpt Your Best Body Ever, coécrit avec Dave Honig en 2007

Qui a dit qu’il ne fallait pas juger un livre à sa couverture ?

Après les bérets Kangol dans les années 80, puis le total look FUBU dans les années 90, LL Cool J change à nouveau d’apparence dans les années 2000 en se montrant aussi souvent que possible torse nu dans ses clips et dans ses films.

Aussi sec que volumineux, il doit officiellement ce physique de bande dessinée à une diète des plus strictes doublée de séances d’entraînement mélange d’exercices traditionnels et « d’explosions de cardio » mises au point avec son coach personnel Dave ‘Scooter’ Honig.

Grand prince, il les détaille via cinq différents programmes s’étalant sur trois à neuf semaines, le tout enrichi de ces conseils propres à ceux dont la vision de la vie se limite à engloutir des protéines en sachet et soulever des poids dans des salles qui sentent la climatisation – genre « Tu dois faire que ce tu as à faire même si tu ne veux pas le faire ».

Reste que si au final le contenu est de bon aloi, les mauvais esprits ne pourront s’empêcher de pointer du doigt le silence radio sur les éventuels « compléments » qui ont permis à l’ami LL de se transformer de manière aussi spectaculaire en allant « pousser de la fonte à une heure du matin après un concert »

Les recettes de cuisine pour taulards de Prodigy

Commissary Kitchen: My Infamous Prison Cookbook, coécrit avec Kathy Iando en 2016

Atteint de drépanocytose, une maladie génétique qui ralentit la circulation du sang et affaiblit le système immunitaire, quand le poto d’Havoc écope d’une peine de trois ans et demie pour port d’arme en 2007, il n’a d’autre choix que de s’astreindre à un régime alimentaire strict s’il ne veut pas enchaîner crises sur crises.

« Je ne pouvais pas me permettre de tomber malade. Je ne pouvais pas me permettre de mal manger ou de ne pas faire d’exercice. Et au placard rien n’est fait pour. »

Avec un micro-onde pour 30/40 détenus, pas de couteau et des légumes servis seulement une fois par semaine, Prodigy s’est néanmoins débrouillé pour devenir l’un des plus fins cordons bleus de Rickers Island.

Évidemment, les plats proposés (la Shakira’s Dirty Pie, les Rasta Pasta, le Fake-Ass Pad Thai, le P’s Barbecue Salmon…) ne sont pas aussi healthy que ceux que l’on peut se concocter tranquille chez soi, mais ils sont « aussi healthy que le système carcéral le permet ».

Et puis il s’agit aussi de se vider la tête une heure ou deux par jour, non sans oublier de se faire un peu plaisir à coup d’assaisonnements et de sangria maison – et tant pis si les prisons californiennes ont interdit le livre dans leurs enceintes précisément à cause de cette recette.

Les leçons de vie de Ghostface Killah

The World According to Pretty Toney, coécrit avec J. Brightly en 2007

Vous cherchiez le bouquin ultime de développement personnel ? Ne cherchez plus.

Vendu comme un décalque pour la génération hip hop du classique Les Sept Habitudes des Gens Efficaces de Stephen Covey, ce précis de « Toneology » couvre en réalité un spectre beaucoup plus large.

Famille et éducation sont certes au programme, mais aussi sexe, jeu d’argent et hygiène corporelle.

Vous y apprendrez en effet pourquoi il faut être sympa avec les crackheads que vous croisez tard le soir, pourquoi les vrais mecs prennent des douches et pas des bains, pourquoi il est préférable pour tout le monde de se laver les balloches avant le visage, ou encore pourquoi il est déconseillé d’abuser des confessions sur l’oreiller avec votre meuf.

Et en prime, il y a plein d’illustrations très cools et un CD audio narré par Ghostface lui-même.

De quoi mettre l’univers en PLS les doigts dans le nez.

À LIRE AUSSI 
Quel est le livre préféré de ton rappeur préféré ? [DOSSIER]

Dossiers

VOIR TOUT

À lire aussi

VOIR TOUT