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Shotas, le tireur d’élite du Bat 7 [PORTRAIT]

Shotas, le tireur d’élite du Bat 7 [PORTRAIT]

La promesse du 7Binks fait les présentations avant la sortie de sa mixtape « Capuché ».

Crédits Photos : Antoine Ott.

Difficile de décrire à quel moment une oeuvre, un artiste, un collectif ou même un lieu devient culte. Une mention que beaucoup aimeraient voir collée sur leur front, comme un gage de qualité. Cependant, dans un monde où tout s’achète, d’autres font la décision par leur naturel, proposant une musique brute apte à vous faire bouger comme rarement. De ce côté-là, le Bat 7 s’en sort avec les honneurs, faisant du Parc aux lièvres d’Evry un véritable centre de formation du rap jeu hexagonal. Et si Koba LaD ou Bolémvn ont déjà fait la diff’, c’est désormais au tour du jeune Shotas de prendre d’assaut le game. Sa mission ? Shooter dans le tas, évidemment. Rencontre quelques jours avant la sortie de son premier projet Capuché.

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Le Bat 7, une vraie famille

Aux origines de Shotas, il y a donc ce fameux Bâtiment 7, celui que Koba LaD tient absolument à faire visiter avant sa disparition. Un petit bout du 91 qui s’est transformé en véritable capitale, et dont notre rappeur du jour s’érige en véritable représentant. Un représentant qui pourtant ne calcule pas les questions autour de sa notoriété, notamment sur le net : « Au début, je n’y comprenais rien (rires) ! Je n’ai rien calculé pendant longtemps car j’étais focalisé sur ma musique. Ensuite, ça n’a pas arrêté de monter. C’est à partir du moment où je suis monté à 10K que je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose à faire sur les réseaux sociaux. »

Au Bat 7, tout le monde s’est lancé dans la bataille. On est une famille de fous, tous soudés

Shotas, le nouveau gars qui monte dans un 7Binks qui se classe comme un collectif à part. L’interviewé fait les présentations : « Tout d’abord, il y a eu la Mafia Spartiate, ils ont ramené un peu de lumière. Après, on s’est dit pourquoi ne pas balancer nos trucs aussi ? Koba LaD est arrivé et ça a clairement pété avec un public qui a bien suivi ! Ensuite, tout le monde a pris le relai, Bolémvn, Kaflo, etc. Tout le monde s’est lancé dans la bataille. On est une famille de fous, tous soudés. »

La différence se fait notamment sur le style de rap abordé par chacun. Si l’un est plus mélodieux, l’autre misera sur un flow nerveux, etc. Un choix réfléchi comme il nous l’explique : « On s’est dit qu’il ne fallait pas faire comme tout le monde. On ne veut pas entendre le public dire des trucs du genre « eux, c’est toujours la même chose ». S’il y en a un qui part dans un style, un autre va essayer de partir sur un genre différent. » A partir de là quoi de plus normal, donc, que de faire équipe avec Kaflo et Koba LaD pour réaliser les featurings de son tout premier opus ? « Avec eux, ça s’est fait très naturellement, ce n’est que du feeling. Pour moi, c’est une obligation qu’ils soient dans le projet car ce sont mes reufs » conclut l’artiste.

Le rap, une évidence

La bande du Parc aux lièvres comme une véritable famille, cela prend tout son sens chez Shotas, dont le grand frère n’est personne d’autre que 2ZE. Autrefois membre de la Mafia Spartiate avec Kodes, celui qui rappe aujourd’hui en solitaire aura poussé la capuche à mettre les gants : « C’est lui qui m’a encouragé, il m’a toujours conseillé de ne jamais rien lâcher. C’est lui qui m’a donné la force de continuer. 2ZE, c’est un vrai bon grand-frère. » Jamais avare en conseils, ce dernier n’a pas hésité à brider son benjamin. De quoi le motiver comme jamais et donc, le faire progresser : « J’écrivais des textes, mais mon frère et les potes me disaient toujours quand c’était nul. Mais le truc, c’est que plus on te dit ça, plus t’as envie de tout niquer. Je me suis laissé aller et je n’ai pas lâché ! Aujourd’hui, ça me rend fier car on me valide. »

Quand j’étais plus petit, je n’écoutais que ceux du 91 : Mineurs Enragés, LMC Click et La Comera !

Toujours accroché à l’Essonne, Shotas se fait une oreille avec les artistes du département. Des rappeurs qui lui ressemblent, jamais bien loin d’Evry : « Quand j’étais plus petit, j’écoutais Mineurs Enragés (le duo formé par Skaodi et Niska), LMC Click et La Comera. Je n’écoutais que les artistes autour de moi, ceux qui étaient très très proches, ceux du 91 quoi ! » A l’époque pourtant, hors de question pour le bonhomme de s’imaginer faire carrière dans la musique. Le rap, c’est avant tout un hobby pour lui : « Plus jeune, je ne me suis pas dit qu’un jour, j’allais sortir un projet. Franchement, j’ai toujours fait de la musique pour délirer. Je me suis dit que ça allait prendre dans l’ampleur, pour moi, c’était simplement un kiff. Si t’aimes ce que tu fais, c’est carré, c’est la passion qui fait la différence. »

Des années plus tard, la donne n’a pas changé pour celui qui aborde la rime de manière toujours aussi naturelle. Alors que Capuché verra bientôt le jour, le rappeur avance avec une certaine fougue en bandoulière, loin de se fixer un quelconque objectif : « Si ça prend tant mieux et si ça ne prend pas, tant pis. De toute façon, à la base, le rap c’est ma passion. Je ne fais ça que parce que je prends du plaisir à le faire. Si tu m’écoutes et que t’aimes ça, c’est le plus important. »

Son projet comme une signature

Le 5 juillet, Shotas sera donc l’un des derniers membres du 7binks a dévoilé son projet. Une mixtape forte de 15 morceaux, qui ratisse large au niveau stylistique, allant du tubesque Comment on va faire aux plus nerveux Commando et LVC. S’il clame « rester dans son délire » lorsqu’il performe face au micro et ne pas sentir forcément de différences entre un freestyle violent et un morceau ambiançant, le jeune homme reconnaît s’être ouvert pour finaliser sa tape. Voyant l’exercice de l’autotune comme un challenge, il s’est découvert un réel talent : « Je me suis lâché ! Même moi, je ne me savais même pas que je pouvais faire des sons de ce style-là. Au début par exemple, je ne savais pas vraiment manier l’autotune. Mais j’ai eu l’envie de maîtriser le truc… A force, j’ai commencé à comprendre le délire. C’était un véritable objectif, il fallait que j’apprenne à maîtriser ça. »

Si tu n’écoutes pas du cain-ri, tu restes bloqué !

Une ouverture qu’il doit notamment à sa passion pour le rap US, un passage obligé selon lui : « Si tu n’écoutes pas du cain-ri, tu restes bloqué ! En ce moment, j’écoute beaucoup Lil Baby, Post Malone et Gunna. Ils ramènent du lourd, ils sont comme nous, ils représentent la nouvelle génération. Ils débarquent avec de nouveaux flows, de nouvelles prod… Ils m’ont même fait kiffer la guitare, c’est grâce à eux qu’il y en a dans mon projet. »

Restait donc à se mettre dans la peau de « plusieurs personnages » pour réussir à parler à « tout le monde, du mec sur le terrain jusqu’aux meufs », mais aussi à réussir l’essai visuellement. Chose faite avec ces derniers clips, loin des visuels des débuts : « Avant, on ramenait les gars du quartier, une baffle, du kick, un peu de gestu et au bout de 30 minutes c’était plié. Aujourd’hui, on peut prendre une journée entière pour les clips, mais toujours avec la même ambiance. Il faut que le public ressente notre délire. » Un public qui sera témoin de l’ouverture musicale d’un Shotas qui cherchera à viser dans le mille avec Capuché. Et qu’importent les critiques qui diront que le rappeur a changé son fusil d’épaule en osant des sons plus populaires, il s’en fiche : « Des fois, il faut juste se jeter dans le bain, et ne pas avoir peur. »

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