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Prince Waly: « Ce que je veux, c’est montrer ce que je vaux » [ITW]

le 23 janvier 2019

Prince Waly: « Ce que je veux, c’est montrer ce que je vaux » [ITW]

Rencontre avec le rappeur à l’occasion la sortie de son dernier projet, le fameux « BO Y Z ».

Crédits Photos : Antoine Ott

La dernière fois que Booska-P avait croisé Mister Waly, c’était en compagnie de ses potes de Big Budha Cheez. Aujourd’hui, c’est pourtant bien en solitaire que le prince de Montreuil revient dans nos pages. Le temps d’évoquer son tout nouvel EP, BO Y Z, véritable point de départ d’un nouveau chemin. Une route que l’artiste aborde à sa manière, en conduisant un coude sur la portière et sans jamais regarder dans le rétro. Rendez-vous dans nos locaux.

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Ton premier projet solo Junior, date de 2016. Qu’est-ce qui a changé depuis tes débuts ?

Plein de choses, à commencer par l’équipe qui m’entoure. Avant, j’étais vraiment en mode Big Budha Cheez alors qu’aujourd’hui, je suis en train de monter mon propre truc. C’est comme une véritable écurie, une espèce de Time Bomb avec que des gars à moi. Entre Junior et BO Y Z, il y a eu plein de rencontres et de connexions. En dehors de ça, j’estime être plus mature, je me concentre plus sur les textes. Les gens se souviennent de moi pour l’image ou pour le flow, mais je me dis que ça serait bien qu’ils se souviennent de moi pour mes textes. C’est ça, l’écriture a vraiment changé.

A l’écoute, on sent que c’est carrément plus impactant. Avec notamment beaucoup plus de punchlines.

Ici, on retient plus de phases qu’avant. C’est le but, montrer que je peux faire des grosses phases et envoyer de grosses images, pas seulement travailler sur le flow et l’attitude. Quelque chose de plus construit, des thématiques bien précises, c’est que je voulais dans ce projet. Il n’y a pas que de l’egotrip, loin de la vie.

Les gens se souviennent de moi pour l’image ou pour le flow, mais je me dis que ça serait bien qu’ils se souviennent de moi pour mes textes

Justement, tu t’attaches à des thèmes universel avec des titres comme Girls, Ma chaussure ou Smoke. Le but, c’est de toucher le maximum de monde tout en abordant ces sujet d’une façon très personnelle ?

C’est totalement là où je voulais amener les gens. Ce projet peut vraiment parler à tout le monde, les titres ont été choisis spécialement pour ça. Girls, Ma chaussure ou Smoke, ce sont des sujets de tous les jours. Si t’arrives à parler des choses qui te touchent, déjà, c’est gagné. Mais si en plus cela touche pas mal de monde, c’est encore mieux. Je fais du son avant tout pour que ce soit partagé, pour que les gens prennent du bon temps.

En peu de morceaux on arrive ici à cerner directement ton univers. BO Y Z, tu vois ça comme un concentré des tes capacités ?

Tu as des sons comme Doggy Bag avec de l’egotrip, où je bombarde. Mais il y en a aussi où je chante. J’ai pris des cours de chant, ça te permet d’avoir des skills en plus, autant les montrer. BO Y Z, c’est le Prince Waly de 2019, mais aussi le Prince Waly d’après. C’est bien un concentré, je veux montrer de quoi je suis capable.

Entre ton groupe et tes moments en solo, qu’est-ce qui change vraiment ?

La productivité. Car franchement, minimum, je veux sortir plusieurs projets par an, minimum deux. Avec Big Budha Cheez, on enregistrait tout sur des vieilles machines, sur des bandes à l’ancienne… C’était une expérience incroyable, mais en vérité, tu ne peux pas être super productif en travaillant comme ça. Le maximum que tu peux faire de cette manière, c’est un projet par an, et encore… Mais cela m’a donné une vraie discipline. Quand tu enregistres de cette façon, tu te dois de connaître parfaitement ton texte, de l’envoyer en une prise. Maintenant, avec l’ordi, je fais un bon morceau en deux heures. Je suis en capacité de faire trois projets à l’année.

Avec Big Budha Cheez, on enregistrait tout sur des vieilles machines, sur des bandes à l’ancienne… C’était une expérience incroyable, mais en vérité, tu ne peux pas être super productif en travaillant comme ça

Et justement, quand est-ce que ton premier long projet arrive ?

Là, je focntionne qu’avec des E.P, ça me permet de les envoyer comme ça, à la cool. Mais le jour où un album sortira, il ne fera pas plus de 14 ou 15 titres. L’album pourrait sortir dans huit mois ou dans un an, c’est une question de maturité nécéssaire. Si j’estime être prêt, je m’y mets, mais avant ça, je reste sur les EP.

Ici, on retrouve beaucoup d’invités. On commence par les premiers de la liste, Triplego et Tengo John ?

Faut savoir que j’avais déjà travaillé avec eux, avec un feat sur un de leurs projets… Entre eux et moi, c’est une histoire de fraternité. Ils habitent Montreuil, à seulement dix minutes de chez moi. Je marche à l’affect et Triplego a une couleur qui me touche. Ce groupe, c’est ça, à la première écoute, tu colles directement un univers dessus. Je voulais cette couleur sur mon projet. Je pense avoir bien ciblé mes collaborations, car à chaque prod envoyée, tout le monde a répondu présent. Tengo John, c’est pareil, on a réalisé notre morceau en un jour. On pourrait même faire un album ensemble tellement on va vite. On se connait depuis huit ans maintenant, je l’ai vu débuter, c’est vraiment la famille.

Il y a également Loveni qui est un de tes proches.

Je connais Loveni depuis l’époque de Clean Shoes, quand j’ai bossé avec Myth Syzer, ça date un peu ! Loveni, c’est l’Amérique totale et je voulais un peu de USA sur ce projet. Vinewood, en feat avec lui, c’est l’un de mes meilleurs morceaux et je voulais retrouver cette ambiance. Tout s’est fait super naturellement et le son est né.

Alpha Wann, pour moi, c’est le boss. Dans l’écriture, le phrasé, c’est au-dessus. Souvent, on nous met dans la même catégorie et je prends ça comme un big compliment. Je suis fan de lui, je n’ai pas honte de le dire

Vient ensuite Alpha Wann…

(Il coupe) Pour moi, c’est le boss. Dans l’écriture, le phrasé, c’est au-dessus. Souvent, on nous met dans la même catégorie et je prends ça comme un big compliment. Je suis fan de lui, je n’ai pas honte de le dire. Le fait qu’il accepte un feat avec moi, c’est comme une validation. Surtout quand tu entends sur son album qu’il ne fait pas de feats avec des personnes extérieures… C’est quelqu’un de minutieux, ça se voit dans ses lyrics et ses choix de prods.

Hors rap, tu as ramené la chanteuse Enchantée Julia…

Durant ces deux ans où je n’ai pas sorti de sons en solo, j’ai fait des rencontres. Mon esprit s’est ouvert, car avant j’étais bloqué dans mon rap. Il y a tellement de choses, mais pour moi c’était rap, rap, rap. Alors que plus petit, mes parents n’en mettaient que de la chanson à la maison. Du coup, l’artiste ultime pour moi, c’est Michael Jackson. Je ne pense pas avoir les capacités, mais j’aurais même pu devenir chanteur. Aujourd’hui, je me suis mis à chanter grâce à Enchantée Julia. J’ai commencé sur son précédent projet, et on a décidé de remettre ça sur le mien. On a testé et j’ai kiffé. J’avais une réelle frustration. Je me disais : « J’ai les capacités, mais je n’ai rien montré aux gens ». Avant, il y avait de la technique, du flow, mais rien qui pouvais parler de moi. Au quartier, ils me disaient : « C’est lourd, mais les gens ne connaissent rien de toi, ni de ta vie ».

Pour mieux te montrer toi, tu as aussi invité le groupe Feu! Chatterton.

Pour ce morceau, je me suis inspiré du film Moonlight. Pour se faire accepter, un jeune homosexuel devient un gros dealer. C’est assez bizarre comment il rentre dans certains codes à cause de la société. Je peux partir de ça, pour parler de ma propre vie. Je me suis un peu identifié à ce petit, c’est dissimulé sous des références, mais je parle de moi, je veux juste faire la musique que j’aime. Maintenant, je suis plus ouvert, j’écoute énormément de trucs différents, mais j’ai toujours adoré les crossovers comme Jay-Z X Linkin Park, etc. Arthur, le chanteur de Feu! Chatterton avait assisté à un de mes concerts, et on s’est connecté à partir de là. Le feeling est passé et let’s go. On est satisfait, on n’a pas fait un morceau pour faire parler, mais juste pour nous.

Le rap est en train de s’ouvrir de dingue, Booba l’a prouvé en collaborant avec Christine and The Queens

Ce genre de crossovers n’est pas extrêmement présent dans le rap, même aujourd’hui.

Le rap est en train de s’ouvrir de dingue, Booba l’a prouvé en collaborant avec Christine and The Queens. J’ai trouvé ça tellement lourd. Dès que j’ai écouté Here, je me suis dit « voilà, c’est ça la musique ». En plus, le contexte est en train de changer, car si ça n’a pas déranger les fans de Booba, ceux de Christine and The Queens n’ont pas super bien réagit. Je pense que des connexions comme ça, on va en voir de plus en plus. Aux states, cela existe déjà, et notre retard se réduit petit à petit… Même s’ils restent numéro 1, on ne va pas se mentir. On a accès à la culture internationale, donc ou va forcément aller plus vite. Par exemple, Christine and The Queens a même repris Vibes d’Hamza sur scène ! C’est le genre de choses que je veux voir tout le temps !

Dans BO Y Z, il y a toujours des références aux icônes de l’Amérique. Comme sur les titres Marsellus Wallace et Rain Man. Enregistrer aux Etats-Unis, cela pourrait être un beau challenge pour toi.

Pour le moment, je me dis que c’est trop tôt. C’est quelque chose qui s’est fait, je crois que Doc Gynéco a enregistré à Los Angeles. Cela peut être très inspirant, je ne suis jamais allé là-bas et au niveau de ton processus de création, ça doit être quelque chose de nouveau. Aux USA, t’es au coeur d’un autre délire, la culture est totalement différente… J’imagine que chez moi, ça peut débloquer quelque chose. Moi-même, je me suis foutu des barrières tout seul. En tant qu’être humain, un voyage ça apporte déjà beaucoup. Je suis récemment allé au Sénégal, d’où je suis originaire. Tu vois des choses tellement différentes, loin de Montreuil ou de Paris, c’est extrêmement inspirant.

Aux USA, t’es au coeur d’un autre délire, la culture est totalement différente… J’imagine que chez moi, ça peut débloquer quelque chose

Pour terminer, on peut dire que ta cover résume tout l’esprit de ton projet ?

C’est ce qu’on voulait ! On a fait le shoot avec Fifou et il devait y avoir cent photos qui étaient toutes aussi cool les unes que les autres. Finalement, j’ai choisi celle où tout le monde est présent. J’ai fait mon propre choix, avec le visuel le plus représentatif du délire BO Y Z. J’ai suivi mon instinct, car j’estime que j’ai trop écouté les gens ces dernières années, c’est ce qui m’a bousillé. Je préfère faire les erreurs moi-même et apprendre.

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