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Hugo TSR, un artiste influent en marge du Rap Game [DOSSIER]

le 3 octobre 2017

Hugo TSR, un artiste influent en marge du Rap Game [DOSSIER]

Son sixième album vient de débarquer dans les bacs, retour sur la carrière d’Hugo TSR, un rappeur influent en marge du Rap Game.

Plus de 10 ans après avoir vu le jour, la nébuleuse Hugo TSR continue d’intriguer, de questionner et de surprendre en 2017. Dans son sillon, se retrouvent pêle-mêle le TSR Crew, le 18ème arrondissement de Paris, un succès énigmatique et une place honorifique de rappeur influent. Cloîtré dans son bastion, l’un des secrets les mieux gardés du rap français dicte encore les règles du jeu avec son sixième album Tant qu’on est là. Après quelques questions sur ce personnage mystérieux, voici nos conclusions.

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Les raisons de son succès

Depuis 2005 et la sortie de son premier album solo intitulé La Bombe H, Hugo TSR est l’un des rappeurs phare du 18ème arrondissement de Paris. Avec les années, il s’est créé une fanbase très solide, accumulant les millions de vues et de streams sur les plateformes d’écoute. La première raison que l’on peut donner à ce succès est aussi sa principale qualité : c’est un très bon rappeur qui est reconnu pour ses qualités de punchlineur. Des multi-syllabiques, un réalisme bluffant, un phrasé amer et des images fortes. La recette du rappeur est ce qui fait sa force, une couleur immuable qui pourrait paraître désuète en 2017 tant le genre continue d’évoluer, mais qui est en réalité l’une des principales raison de la fidélisation de son public. Ses auditeurs savent ce qu’ils viennent écouter et ne s’attendent pas à une quelconque prise de risque dans la forme. Également remarquables, sa communication au compte-gouttes sur les réseaux sociaux et son absence quasi-totale d’interview sur le net a fait ses preuves. Avec ce modèle comparable à celui de PNL, Hugo crée le buzz à chaque nouvelle annonce concernant la sortie d’un clip ou d’un album.

À la manière de certains rappeurs du 18ème arrondissement, Hugo TSR est l’artiste anti-rap game par excellence. En plus de ne pas communiquer comme les autres, il cache depuis de nombreuses années son visage, bien souvent sous sa capuche, s’évitant grâce à cela les méandres du star system. De nouveau, à l’instar d’autres rappeurs du 18ème, Hugo n’a jamais signé de contrat de production avec l’une des majors du disque. Ses CD se vendent depuis son site web ou directement dans les bacs, ses concerts se remplissent sans publicité ni interview, sa musique s’écoute sur les plateformes de streaming, mais pas à la radio. Justement pas formatée pour ces dernières, sa musique et le rappeur lui-même sont devenus, à leur insu, les défenseurs du rap boom bap en 2017. Exit les discours de puristes du type « le rap c’était mieux avant », Hugo fait du rap d’aujourd’hui qui sonne comme celui d’avant, et ce depuis plus de 10 ans. Dans une industrie qui tend à s’uniformiser autour des tendances actuelles, le rappeur du 18ème fait l’effet d’un vent de fraîcheur et fait surtout mentir les statistiques. C’est toujours aussi bandant d’être indépendant.

Le porte-drapeau du 18ème arrondissement

Le 18ème arrondissement de Paris a vu naître bon nombre de rappeurs français. À l’orée des années 90′, Assassin sort son premier maxi qui s’accompagne du clip Esclave de votre société. Dès sa première ligne, Rockin’ Squat pose les bases de ce que sera le rap du 18ème : « Je ne veux pas faire de politique, ma mission est artistique ». Un rap politisé, mais pas politique. Dénonciateur, mais pas engagé. De même, un certain Doc Gynéco en 1996 décrivait ce qu’il voyait depuis sa Porte de la Chapelle, dévoilant de réelles qualités narratives avec son morceau Dans ma rue. Narratif et dénonciateur, deux adjectifs qui collent parfaitement au personnage d’Hugo TSR. Il en fera d’ailleurs sa marque de fabrique, racontant sa ville et son quartier avec un réalisme que l’on ne retrouve que rarement au sein du rap français. Le 18ème est passé au peigne fin, de Marx Dormoy à La Chapelle, chaque texte comporte une allusion à une place, une rue, un monument du célèbre quartier de Paris. Les légendes du quartier s’éteignant ou se faisant rares, après l’avènement de la Scred Connexion ou de Flynt, Hugo TSR demeure le principal représentant de l’arrondissement de Paris-Nord.

Désir d’underground ou fatalité liée à la couleur de leur musique, la majorité des artistes du 18ème arrondissement de Paris se feront assez discrets commercialement parlant. La seule exception à ce jour est la Première Consultation de Gynéco. Ils bénéficieront cependant d’un succès d’estime important auprès du public rap français. La principale caractéristique de la musique underground du 18ème réside dans ses instrumentales 90 bpm ou plus vulgairement appelées « boom bap ». Le tempo est plus lent que la trap qui avoisine souvent les 120 bpm. De plus, les samples ou les utilisations de piano et de violon, créant des mélodies un peu mélancoliques, sont monnaie courante chez ces artistes. Hugo est l’un de ceux, sinon celui, qui a fortement participé à répandre et populariser ce genre d’instrumentales. Si on ajoute le côté narratif et dénonciateur, on synthétise l’ensemble des composantes de la musique du 18ème. Le point d’orgue de cette dernière et de la carrière d’Hugo TSR arrivant à la sortie de son cinquième album : Fenêtre sur rue.

Son influence sur la génération actuelle

Il y en a pour lesquels l’inspiration est plus criante que d’autres, mais ce n’est un secret pour personne, Hugo TSR est l’un des rappeurs les plus influents dans le rap underground français. Parmi ceux qui revendiquent avoir été influencés par le rappeur du 18ème, on retrouve Georgio en tête de file. Également originaire du 18ème, du quartier Marx Dormoy, plus précisément, Georgio n’a jamais caché son appartenance à l’arrondissement et a beaucoup cité Hugo comme l’une de ses références à ses débuts. Si cela pouvait se ressentir à l’époque de son premier maxi Mon Prisme, le rappeur a depuis pris une autre dimension et s’est entièrement affranchi de cette influence. Il conserve du 18ème un style de rap réaliste et participe au rayonnement de ce dernier à une plus grande échelle. Dans son sillon, on peut également citer un jeune rappeur comme Sopico, qui se classait d’ailleurs dans nos rappeurs à suivre en 2017. Également issu du 18ème arrondissement, il a été le voisin d’Hugo TSR, rue de la Chapelle, et l’a déjà cité comme l’une de ses influences en rap français.

Plus généralement, Hugo TSR a participé à influencer beaucoup de rappeurs de l’underground parisien, qu’ils le reconnaissent ou non. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il a réalisé plusieurs featurings avec la Sexion d’Assaut à leurs débuts, en solo ou avec son groupe le TSR Crew. Réunis sur un bootleg non-officiel de la Sexion intitulé La Maxi Dépouille Vol.2, ces morceaux datent du début des années 2000 et font déjà état des qualités techniques d’Hugo. Quand on sait que Lefa est originaire du 18ème et qu’ Anraye, ancien membre du collectif Sexion d’Assaut avant qu’il ne se rétrécisse en un groupe de 8 membres, traînait avec le TSR Crew, pas étonnant que les deux entités aient fini par se rapprocher. En dehors de la Sexion, Hugo a également collaboré avec plusieurs rappeurs assez connus dans l’underground français comme Swift Guad, L’Indis ou encore KT Gorique.

Son influence sur le rap underground est indéniable et continue de façonner des carrières à travers les années. Son sixième album solo vient de voir le jour et à en croire les chiffres, son style inaltérable continue de convaincre le public français. Profitez-en, tant qu’il est là.

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