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Comment j’ai survécu à un drop Supreme ! [DOSSIER]

le 25 mai 2017

Comment j’ai survécu à un drop Supreme ! [DOSSIER]

Un drop Supreme ou quand acheter de la sape fait office de parcours du combattant.

Beaucoup de gens ont des à priori sur Supreme. Pourtant, la marque propose des pièces très intéressantes, des collabs minimalistes et sa communication est réussie : il suffit de voir à quelle vitesse partent les pièces, malgré des prix excessivement élevés.

La communauté autour de la marque est peut-être ce qui pose le réel problème de cet univers. Les groupes Facebook de reventes Supreme ne sont pas des endroits où la paix et le partage règnent. Entre le puriste qui a découvert la marque il y a 6 mois, le timide qui achète pensant que cela va augmenter sa cote de popularité et le revendeur #jemenfoutiste qui ne fait ça que pour l’argent, il existe bien sûr quelques réels passionnés, souvent plus âgés que la moyenne.

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Acheter du Supreme n’est pas si simple

Il y a plusieurs étapes à franchir, où la chance (et le piston) seront tes alliés clés. Des vidéos vous expliquent d’ailleurs parfaitement comment il faut faire. Le lundi soir, à 18h, il faut s’inscrire à la station de métro Richard Lenoir. Oui, ça peut paraître improbable, mais si l’on passe devant la station un lundi soir après 18 heures, on peut apercevoir une foule de jeunes en train de faire la queue sur le trottoir. J’arrive donc, un lundi soir, à la station, pour dépanner un mec que j’ai rencontré sur Twitter. Je fais la queue, je donne mon nom aux vigiles. Certains, à la vue de la queue, décident de faire marche arrière de peur de faire une queue monstre pour rien. Des bribes de conversation s’échappent : à les entendre, ce drop sera l’un des plus gros de l’année, une collab qui partira très vite. Oui car Supreme, c’est aussi un marché.

credits : yard

Acheter du Supreme, c’est un peu comme les actions à la bourse : tu achètes en espérant pouvoir revendre à un prix plus élevé ensuite. Cependant, la marque a des règles très strictes : il est par exemple impossible d’acheter 2 fois le même item d’une collection. Certains sont donc obligés de payer des gens pour qu’ils viennent faire la queue avec eux pour pouvoir avoir plusieurs pièces et faire encore plus d’argent, ce qui est le cas du mec qui m’a dit de venir. Certains sont carrément des réseaux de resellers, en contact avec des revendeurs dans les pays asiatiques. La montée d’une mafia 2.0 ?

On pourrait avoir l’impression d’assister à une réunion mondaine

Jeudi matin, 9h30, il fait froid et je me dirige vers l’endroit où a lieu le drop. Imaginez une foule de jeunes dont la moyenne d’âge est de 16 ans attendre sur un trottoir. Certains ramènent des chaises de camping, d’autres sont assis sur des marches, avec plusieurs ordinateurs et attendent l’ouverture du site pour essayer de chopper les items en ligne. Chacun a l’air d’avoir sorti ses vêtements les plus beaux (et les plus chers) et on pourrait avoir l’impression d’assister à une réunion mondaine, où tout le monde regarde, observe, juge et analyse l’autre. Beaucoup de gens sont là uniquement pour prendre des photos ou des vidéos de l’événement et certains enchaînent clopes sur clopes à cause de l’attente qui n’en finit pas. Il semble évident que pour rester ici pendant plusieurs heures, il faut pouvoir faire preuve de patience et éviter les autres regards.

credits : anthonysuz

Une file d’attente infinie

Au bout d’un moment, les vigiles commencent à faire l’appel. Chaque personne de la liste est appelée une à une et tout est une question de chance : les noms de la liste du lundi soir sont recomposés de manière aléatoire, de sorte à ce que celui qui est arrivé dernier à tout autant de chance d’acheter que celui qui est arrivé le premier. Plusieurs noms sont appelés : certains viennent, d’autres ne viennent pas et des fois, il y a même 2 personnes qui se présentent : le vigile doit alors demander une pièce d’identité pour savoir lequel des deux est le vrai.

L’attente est interminable : à chaque nom, chacun espère que ce soit le sien qui sorte. A un moment, une fille est appelée mais personne ne vient. Un garçon à côté de moi me pousse hors de la foule et me dit d’en profiter et d’y aller, même si ce n’est pas mon nom. Une fois devant les vigiles, je leur confirme que c’est bien moi; ceux-ci me donnent un badge avec un numéro dessus, mon numéro de passage et me font signe de me mettre dans la file.

Là, le garçon avec moi me donne une énorme somme d’argent et m’explique quelle pièce je dois aller acheter dans la boutique avant de le retrouver ici juste après. J’ai l’impression d’être une espionne prête au flag dans un trafic de drogues. Certains semblent en faire une affaire d’état. Mais une fois arrivé à ce stade, l’attente n’est pas terminée : nous sommes très étonnés de remarquer que la file ne s’arrêtait pas là, mais se déplaçait de groupe en groupe, dans différentes rues jusqu’à arriver au magasin. Un magasin qui est d’ailleurs laissé à moitié vide : aucune trace de la nouvelle collection sur les portiques : il faut solliciter les vendeurs qui vont amener les affaires directement de la réserve.

La facture est salée : pour une doudoune et un sac à dos, j’ai dépensé environ 600 euros

La facture est salée : pour une doudoune et un sac à dos de la nouvelle collection j’ai dépensé environ 600 euros. Je cherche le garçon de Twitter pour lui donner mon sac : c’était le 5e sac qu’il récupérait. Celui-ci se dépêche ensuite de trouver un endroit pour faire des photos pour son Instagram avec les vêtements achetés avant de les revendre. Les photographes et cameramen sont devant la sortie du magasin et prennent en photo les personnes qui en sortent, dont moi. La foule du matin se vide petit à petit, il ne reste plus beaucoup de monde devant le magasin, la rue sera déserte jusqu’à la semaine prochaine.

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